mercredi 10 septembre 2008

La chirurgie , comment? réponse à Virginie

Bonjour,j'ai 19 ans et je suis atteinte de la maladie de Verneuil depuis mes 17 ans. J'ai déjà beaucoup de cicatrices et de kistes a l'intérieur des cuisses et sur les bras. j'aimerais savoir si on peut m'opérer et si oui en quoi consiste l'opération et comment se déroule t-elle ?merci d'avance

virginie de lyon



REPONSE

La chirurgie n'est pas le seul traitement possible, mais elle peut être très utile; je vous joins ci-dessous le texte d'un éditorial que j'ai publié dans les "Annales de dermatologie et de vénéréologie (2008) 135, 349—350". qui devrait répondre en partie à vos questions. Si le langage vous parait trop "médical" et que certains points sont obscurs, ecrivez le mi j'essayerai de préciser.




Place de la chirurgie dans le traitementde l’hidradénite suppurée-maladie de Verneuil

Le statut de l’hidradénite suppurée a changé au cours de ces dernières années. Elle était
considérée autrefois comme une maladie rare, caractérisée par d’énormes placards suppuratifs
et malodorants des grands plis, accessibles uniquement à la chirurgie. Ce tableau
épouvantable est rare en effet, mais on sait aujourd’hui que la maladie dans ses formes
mineures —– « mineure » pour le médecin, pas pour le malade—– est fréquente : 1 % de la
population. Dans ces formes mineures, le recours à la chirurgie héroïque n’est pas de
saison et il serait hautement souhaitable d’oublier le couple infernal des déclarations
péremptoires et inexactes, opposées mais complémentaires, que sont : « seule la chirurgie
constitue un traitement de l’hidradénite suppurée
», parole de certains médecins, et
« la chirurgie est mutilante, je ne veux pas m’y soumettre », parole d’un certain nombre
de patients. Ces deux assertions sont fausses et sont la source de bien des déboires.
Il est temps de préciser les indications de la chirurgie : schématiquement, on peut
classer les gestes chirurgicaux en :


  • incision

  • excision limitée

  • excision (ou exérèse)large.

L’incision, très fréquemment pratiquée aux urgences sur un diagnostic d’abcès —– qui
n’est pas littéralement inexact mais manque l’essentiel—– permet de soulager la douleur
due à une collection purulente en tension. Elle est souvent suivie d’un méchage ; les soins
qui suivent sont vécus par les patient(e)s comme une véritable torture. Le résultat de cette
incision est immédiat et transitoire mais n’a aucune influence sur l’évolution ultérieure
de la maladie ; elle ne doit être pratiquée que la main forcée quand il n’y a pas d’autre
solution et doit, dans toute la mesure du possible, éviter le méchage si celui-ci n’est
pas rigoureusement indispensable —– et il l’est rarement. L’incision constitue le constat
d’échec du traitement médical ; bien des patients pourront éviter d’arriver à cette extrémité
soit par un traitement continu médical, soit par un traitement au « coup par coup »
par antibiothérapie et/ou corticothérapie à fortes doses, pris immédiatement lors du développement des premiers symptômes et permettant souvent de faire avorter la lésion sans
qu’elle aille au stade d’abcédation. Il faut ici de plus mettre en garde contre la pratique,
déplorable, de l’incision des lésions non collectées : incision « pour voir », pratique, hélas,
relativement fréquente, inutilement douloureuse.
L’excision limitée a très mauvaise presse ; elle est accusée d’être suivie de récidive,
voire de les favoriser, et est l’objet d’une grande incompréhension de la part de beaucoup
de praticiens. Ses indications sont, en fait, très précises et extrêmement utiles : parmi les
patients au stade I ou II de Hurley, certains présentent une lésion abcédée, fistuleuse unique
qui s’enflamme et suppure très régulièrement au sein d’une zone —– inguinale ou axillaire—
– qui est par ailleurs peu atteinte. Une exérèse large serait démesurée ; un traitement
médical n’empêchera pas la récidive. Un geste d’excision limité —– mais ayant parfaitement
repéré le trajet fistuleux existant—– souvent réalisé sous anesthésie locale et avec suture
directe, est très peu traumatisant et souvent extrêmement bénéfique.
L’exérèse large —– celle qui a la réputation très usurpée d’être mutilante—– est la seule attitude possible devant un stade III de Hurley, c’est-à-dire le stade où les lésions forment un placard suppuratif plus ou moins malodorant englobant la quasi-totalité d’une zone comme un creux
axillaire ou une région inguinale. Elle demande un chirurgien averti, connaissant bien le problème, elle demande un repérage soigneux des trajets fistuleux. Elle est généralement
suivie dans la région inguinale d’une cicatrisation dite dirigée, c’est-à-dire spontanée, avec un résultat fonctionnel et esthétique le plus souvent excellent et dans les creux axillaires d’une greffe retardée dont le résultat esthétique est moyen mais le résultat fonctionnel
excellent.
Sa place ainsi définie, la chirurgie rend des services immenses et irremplaçables dans le traitement de l’hidradénite suppurée et le message envoyé par un certainnombre de patients : « je ne veux pas me faire opérer,car cela revient ailleurs » doit être fermement combattu.
Certes, les récidives existent : cela peut être la conséquence d’une excision insuffisamment large et/ou de l’absence derepérage d’un trajet fistuleux. Il s’agit alors d’un échec opératoire malheureux. Mais ce qui est appelé « récidive » est beaucoup plus souvent le simple témoin de la persistante évolutivité de la maladie qu’une exérèse, quelle que soitson type, ne peut prétendre entraver. Cette « récidive » peut être proche de la zone d’exérèse, entraînant des interrogations
sur le caractère insuffisant de celle-ci et encourageant derechef les jusqu’au-boutistes de la chirurgie large d’emblée ; plus souvent, c’est une récidive lointaine et totalement indépendante de la réalisation de l’acte chirurgical et de sa qualité, face à laquelle le message : « je ne veux pas
me faire opérer, car cela ressort ailleurs » est équivalent à dire « je ne veux pas faire réparer mon pneu crevé, car un autre peut crever dix kilomètres plus loin ».

Lexique: "collection" désignela transformation du nodule ferme et à contenu solide en une poche de pus: l'abcès. Il ne faut inciser que des lésions "collectées"

8 commentaires:

À 11 novembre 2008 à 10:43 , Blogger http://www.vmmv.fr a dit...

Bonjour Monsieur Le Professeur Revuz,

Ravie de voir que vous avez un blog, et comme d'autres patients de la verneuil,j'en ai fait un aussi .

Si vous voulez ,nous faire partager votre expérience ,ce seras avec plaisir.

Karine Chégran, suivi depuis 2004 par Monsieur Revuz qui m'a beaucoup aidé à mieux cette maudite pathologie.

 
À 1 avril 2009 à 12:41 , Anonymous TITI a dit...

Bonjour,

Dans les formes légères, l epilation au laser est elle efficace ?
Merci

 
À 20 avril 2009 à 02:39 , Blogger charly a dit...

bonjour

j 'ai 27 ans et voudrait savoir si l 'opération est vraiment utile sur les plis inguinaux et fessiers et surtout les suites opératoires. diagnostiqué il y a un an pendant ma grossesse depuis a vie a bien changer physiquement moralement en sentimentalement avec mon ami les rapport son devenus plus réservé.

aidé moi a retrouver ma vie d avant

Charly

 
À 27 mai 2009 à 00:36 , Anonymous Anonyme a dit...

Bonjour
Je vous ai consultée il y a quelques années. Depuis 2002 je suis un traitement avec des lasers ( épilatoire, contre l'acné et un nouveau associé à l'ALA) ce qui m'a permis de stabiliser les poussées et d'éviter au moins une opération. C'est mon seul traitement et j'en suis très contente
HJ

 
À 24 juin 2009 à 14:26 , Anonymous Anonyme a dit...

Bonjour Pr Revuz,

que pensez vous de traitements comme le remicade ou thalidomide dans le cas d'un verneuil associé à une spondylarthopatie.

j'ai essayé le laser, les chirurgies à répétition, les antibiothérapies qui m'ont apportée des rémissions ponctuelles et assez brèves mais qui restent sans succés sur l'évolution de la maladie.


J'en profite pour saluer l'existence de ce blog. :)

Emilie, Paris 13.

 
À 29 juillet 2009 à 13:32 , Blogger minimi a dit...

bonjour
un petit message comme ça
ma fille de 20 ans souffre d'un abces sillon entre cuisse et pubis elle a déjà eu de nombreux furoncles aux fesses mais le respect de son intimité ne m'avais pas permis de constater l'ampleur de ce mal.
je ne sais à qui m'adresser que lui dire pour la rassurer qui contacter?
on n'a pas beaucoup d'argent je cotise pour nous deux à la sécu et je voudrais que ma fille soit guérie.
comment cette maladie est-elle prise en charge je ne trouve aucune information. les consultations, les interventions chirurgicales?
comment faire faire les analyses pour avoir un diagnostic clair et net et traiter en conséquences ma fille a consulté dermatologue gynécologue et généraliste - rien -en 2009 on est allé sur la lune ; y'a longtemps qu'on a détecté la grippe (machin enfin celle pour les masques) et qu'on a trouvé un vaccin mais une telle infection comme un furoncle les médecins restent apparemment impuissants et bien évasifs sans explication cohérente - peut-être pourrez-vous apporter une réponse à toutes mes questions merci d'avance,
peut-être est-ce une histoire de sous

 
À 14 octobre 2009 à 00:29 , Anonymous Anonyme a dit...

Hier, le 13/10/2009, ma dermatologue m'a confirmé la maladie de Verneuil.Je ne voulais surtout pas y croire car mongénéraliste me l'avait déjà diqgnostiqué mais sans vrai suivi médical. Le traitement était Pyostacyne et fucidine. Mais aucune amélioration. Après une forte poussée, il y a deux semaines, le moral à zéro, une douleur infernale, une humeur de chien.
Du coup mon médecin a pris rendez-vous à l'hôpital Saint André à BORDEAUX avec le docteur MILLEPIED spécialiste de la maladie de Verneuil.
Affaire à suivre....

 
À 23 septembre 2010 à 04:36 , Anonymous Chirurgie a dit...

This is really informative. It's just right to be meticulous when it come to our health care. Have the right doctor take care of you.

 

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